CHRONIQUE DU CONFINEMENT

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« Confiné chronique » et « de luxe », sport, écriture…L’écrivain berruyer Jean-Christophe Rufin raconte son confinement . 
« Quand ce fut l’heure du confinement, j’ai hésité à venir à Bourges, mais mon appartement n’était pas prêt alors je suis allé dans mon chalet, en Haute-Savoie, où je vis la moitié de l’année. J’ai bien conscience d’être un confiné de luxe, mais aussi un confiné chronique car j’ai l’habitude de m’enfermer ici pour l’écriture.
 » Tous les matins du Monde d’Alain Corneau, C’est déjà un roman de Pascal Quignard, ensuite c’est un film sur la musique, sur l’enfermement, qui se demande comment l’art peut se suffire à  lui-même. Je trouve que cela colle très bien à notre situation ».
Le confinement se passe avec des lectures. « Des nouveautés, car je suis membre de jurys comme le prix Orange. Je lis, aussi, des vieilleries, comme Moll Flanders de Daniel Defoe. C’est un roman picaresque sur une femme qui vit en Angleterre. J’ai relu aussi Le Jardin des Finzi-Contini de Giorgo Bassani. Je trouve que le livre qui correspond le plus à la situation actuelle, est Le Hussard sur le toit de Jean Giono. Cela parle d’une épidémie de choléra, mais avec de l’espoir, de la jeunesse, du bonheur. »  François Lesbre Le Berry 2/05/20

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Sylvain Tesson confiné Sylvain Tesson : « La première victoire du virus, c’est la peur »

Sylvain Tesson a fait plusieurs expériences de moment de solitude, choisies ou non, et il en a tiré quelques conclusions. (France Inter 20/03 Grand entretien )
« La seule manière de ne pas succomber dans l’effondrement général, et le seul sur lequel on peut intervenir, c’est l’effondrement de soi-même. Ce que j’ai découvert c’est que la seule chose qu’on puisse faire c’est de ne pas engager une lutte contre le temps ; la guerre arithmétique contre les secondes qui passent, si on fait cela on est écrasé. »   » Il ne faut pas lutter contre le passage du temps, mais l’accompagner ».
Sylvain Tesson rappelle que le président Emmanuel Macron a incité les gens à lire. « Je me suis précipité sur deux petits romans qui parlent de la retraite, c’est « Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig, et « Le journal d’un homme de trop » de Tourgueniev, c’est la possibilité de s’échapper en lisant ou en écrivant ». 
Tesson cite aussi la fable de La Fontaine, « Les Animaux malades de la peste« , où l’on voit les animaux s’adonner à toutes sortes de procès, pour chercher des coupables. « Cela révèle toutes nos mauvaises passions, la peur, la jalousie, l’envie, l’amertume. Alors que dans « le Hussard sur le toit », avec Giono, il y a un procès spirituel. Ceux qui avaient peur de la contagion attrapent la maladie, ceux qui n’avaient pas peur, les plus nobles, étaient épargnés ».
    « L’imagination s’est totalement aplatie devant les écrans. Tout d’un coup, elle est obligée de revenir, parce qu’il va falloir occuper les heures. L’imagination va retirer un certain bénéfice de cette crise. »

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47383_nora_o_18_dion  * Les conseils de lecture des Editions Grasset  22/04/20, afin de garder le contact entre les libraires et les lecteurs .
« Lorsque nous serons lassés des réseaux sociaux véhiculant des nouvelles supposément puisées aux sources des meilleurs experts ou des plus hautes autorités de l’Etat, gavés de séries jusqu’à la nausée, saturés de reportages sur le même sujet, fatigués des blagues qui tournent en boucle sur les réseaux,quel bonheur de retrouver la lecture!
Bienvenue à la recherche du temps de cerveau retrouvé. »
Olivier Nora, P-DG des Editions Grasset